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La politique urbaine est une affaire complexe, au sein de laquelle se croisent des éléments issus de différents domaines politiques. C’est pourquoi les contrats villes durables s’appuient sur cinq objectifs stratégiques, à savoir plus précisément le développement intégré de quartier, l’embauche, la cohésion sociale, la santé et le logement.
Cette approche globale intégrée apparaît de surcroît dans l’intégration des accents transversaux dans les programmes pluriannuels. « Transversal » signifie qu’ils doivent être intégrés dans la totalité de chaque contrat de ville, sans être pour cela présents dans chaque projet spécifique. Parmi ces accents transversaux, on compte le développement durable, la participation, l’égalité des sexes, la diversité et l’insertion socio-professionnelle.
Ces priorités stratégiques et bien d’autres encore n’ont pas seulement une répercussion sur les programmes pluriannuels. En effet, en raison de leur importance inhérente à la dynamique urbaine, elles constituent également un point d’attention en soi, permettant ainsi le développement de différentes initiatives
Cohésion sociale
La cohabitation au sein d’un même territoire urbain n’est pas toujours aisée. Les causes de ces difficultés peuvent être multiples : quartier dégradé ou délaissé par les autorités publiques, entreprise qui ferme ses portes, migration des personnes à moyen revenu vers la périphérie urbaine, arrivée de personnes de cultures différentes, accentuation de la dualisation socio-économique du quartier… Autant de raisons qui peuvent constituer un terreau favorable au développement d’une incompréhension entre habitants d’un même quartier.
En ville plus qu’ailleurs, veiller à la cohésion sociale s’avère indispensable. Celle-ci doit être abordée de manière multifactorielle et comprendre un ensemble de processus qui permettent d’assurer à toutes et à tous; de manière individuelle ou collective et quel que soit l’âge, la culture, la nationalité, le sexe, le niveau socio-économique une réelle égalité des chances. La cohésion sociale doit tendre également vers un bien-être social, économique et culturel. Ces différents facteurs réunis permettront alors à chaque individu d’être un citoyen actif et responsable.
Economie & Emploi
Les grandes villes jouent un rôle clef dans la production de biens et services et la création d'emplois. Par exemple, la valeur ajoutée par habitant en Région bruxelloise est deux fois plus élevée que dans le reste du pays. Dans les grandes villes de la Région flamande (Anvers, Gand) et de Wallonie (Liège, Charleroi), la valeur ajoutée est supérieure à la moyenne régionale.
Malgré cette économie florissante et l'importante création d'emplois, le taux de chômage est paradoxalement plus élevé dans les grandes villes, par rapport à la moyenne nationale. Les chiffres de production ne donnent donc pas une image exacte de la « richesse » des villes et de ses habitants, ni des problématiques qu’elles rencontrent. Ainsi, les villes souffrent souvent d’un sous-financement chronique de leurs fonctions centrales. Les voiries, espaces publics, équipements sportifs et culturels, services publics divers bénéficient à tous les usagers, mais leur coût n’est supporté que par les habitants. Les navetteurs ne paient en effet pas d'impôts à la ville dans laquelle ils viennent travailler, tout en profitant de ses multiples services.
Par ailleurs, la majorité des emplois créés dans les grandes villes le sont dans le secteur tertiaire et requièrent un niveau de qualification relativement élevé. Dès lors, certaines franges de population, peu qualifiées, ne bénéficient pas de l’essor économique. Le taux de chômage élevé et les difficultés socio-économiques se concentrent dans les quartiers défavorisés.
Environnement urbain, changement climatique et développement durable
La qualité de l’environnement urbain influe de façon évidente sur les conditions de vie de la population, mais elle est aussi déterminante pour l’image des villes. Des espaces publics attrayants, des rues et des places propres, des habitations saines, une architecture de qualité, suffisamment de parcs, un réseau diffusé de transports en commun, etc. Ce sont tous des aspects qui peuvent rendre les villes attrayantes pour les habitants et les utilisateurs.
Une attention particulière doit être accordée au rôle que jouent les villes dans le changement climatique. Les villes sont aussi bien responsables que victimes du réchauffement terrestre : elles produisent en effet une partie importante des émissions de CO2 (trafic motorisé, gaspillage d’énergie, etc.), mais elles doivent simultanément faire face aux effets négatifs tels que la pollution de l’air et ses conséquences pour la santé, les victimes des canicules, etc.
Les principaux points d’attention sont la mobilité, l’énergie durable, les bâtiments économes en énergie, l’utilisation parcimonieuse des sources naturelles, etc. Le fait que la politique climatique des villes exige des moyens financiers importants de la part de toutes les autorités publiques est inévitable. Cependant, la question n’est pas tant de savoir si nous pouvons faire face à de tels coûts, mais plutôt si nous pouvons réellement nous permettre l'économie d'actions.
Logement et Habitat
Habiter autrement!
Depuis peu, l’intérêt des médias pour les expériences d’habitats alternatifs contraste avec la marginalisation dont elles faisaient l’objet. Aujourd’hui, les bienfaits de la colocation, de l’habitat groupé ou de l’habitat solidaire émergent comme autant de solutions pragmatiques pour pallier les effets d’une crise qui touche tant le logement que le pouvoir d’achat. Ce n’est certes pas un hasard si de plus en plus de sociologues, urbanistes, architectes et politiques se penchent sur la question. Pour certains, il semble que cette mutation préfigure déjà la fin de notre modèle d’habitat “individuel” au profit de cités qu’on espère plus “durables”.
Avec la mise en place d’éco-quartiers, d’infrastructures communautarisés (gestion commune de l’énergie, d’échange et mise en commun de machines…), d’espaces verts, zones réservées aux enfants, piétonniers… la vie en groupe, n’est plus vécue comme une contrainte mais comme un choix. Restaurateur du lien et du tissu social, l’habitat solidaire réalise quant à lui un équilibre entre l’autonomie des logements privés et une gestion accompagnée des espaces communs.
Cette dynamique favorise ainsi l’émergence de nouveaux comportements humains, apporte une réponse actuelle et novatrice aux défis sociaux, économiques et environnementaux des quartiers les plus fragilisés.
Lutte contre la pauvreté
14,7 % (presque 1 personne sur 7) de la population belge faisaient en 2006 partie du groupe présentant un risque de pauvreté accru en raison de leurs revenus. Dans notre pays, la pauvreté est encore un problème irrésolu, et ce, malgré une prospérité croissante. Dans les pays riches, on utilise surtout le terme de « pauvreté relative » : le nombre de personnes dont le revenu est inférieur à 60 % de la moyenne nationale. Selon l’enquête européenne SILC, 15 % des Belges vivent sous le seuil de la pauvreté relative.
Le problème de la pauvreté se manifeste principalement dans les grandes villes. À Bruxelles, 20 % de la population vivent ainsi sous le seuil de la pauvreté relative. Et selon l’atlas du Prof. Kesteloot, un Bruxellois sur deux vit dans un quartier défavorisé.
Dans les villes, la pauvreté est également très visible dans la rue en raison du nombre croissant de sans-abri et de mendiants. Cette situation est toutefois en contradiction avec l’article 23 de notre Constitution, qui stipule que chaque personne a le droit de vivre dignement. Tout aussi frappant est le risque accru de pauvreté des personnes retraitées (20 %).
La pauvreté n’est pas seulement une question de revenus. Le fait de ne pas pouvoir accéder à certains droits, comme le droit au logement, aux soins de santé, à la culture, à l’enseignement, etc. joue un rôle au moins aussi important. Dans le jargon, on parle de précarité. La lutte contre la pauvreté exige une approche intégrée. Il serait, par exemple, insensé d’oeuvrer pour la participation culturelle et/ou pour la participation à la vie de quartier, si les personnes concernées ont à peine un toit pour s’abriter.
Sécurité & Prévention
La sécurité est un élément essentiel de la qualité de la vie urbaine. Dès lors, le sentiment d’insécurité constitue un indicateur important pour mesurer cette qualité de vie. Aujourd’hui, l’insécurité est souvent citée comme une des premières préoccupations au sein des grandes villes (et ce, même s’il semble qu’elle soit en baisse depuis quelques années maintenant).
De nombreux facteurs peuvent être à l’origine de ce sentiment d’insécurité. Ceux-ci relèvent tantôt de l’environnement urbain qu’il soit social, économique et physique (quartiers délabrés et mal éclairés, mauvaise réputation du quartier…), tantôt du comportement de certains citoyens (vandalisme, violences urbaines, trafic de drogue, incivilités, bandes urbaines…), le plus souvent de ces deux aspects à la fois. Les problèmes liés à la sécurité urbaine et au sentiment d’insécurité varient d’un milieu à un autre, d’un quartier à un autre et même, d’une ville à une autre !
Améliorer la sécurité du citadin et réduire le sentiment d’insécurité urbain passent par la mise en place de stratégies non seulement adaptées à la réalité de chaque environnement mais également axées sur la participation citoyenne et la prévention.