Article

En collaboration avec le Fonds européen pour l'asile, la migration et l'intégration (FAMI), le SPP Intégration sociale finance un projet de formation de Solentra, une ASBL spécialisée dans les soins et l’aide psychologiques aux jeunes réfugiés et à leur famille. Solentra propose des cours et des formations aux collaborateurs des CPAS qui travaillent avec des personnes ou des familles réfugiées ou issues de l'immigration.
Brenda Evers, assistante sociale au CPAS de Bierbeek, a suivi certaines formations et interventions et est enthousiasmée par ce qu'elle a appris. « Je suis désormais beaucoup plus consciente de mon propre cadre de référence et de ma vision du monde. »
En tant qu'assistante sociale, Brenda soutient principalement les réfugiés à Bierbeek, une commune voisine de Louvain comptant environ 10 000 habitants. Il s'agit, d'une part, des réfugiés reconnus et, d'autre part, des personnes en situation de séjour précaire ou ayant un parcours migratoire différent. Elle est également responsable de l'Initiative locale d'accueil (ILA), une initiative d'accueil à petite échelle pour les demandeurs d'asile, organisée par le CPAS de Bierbeek et financée par le gouvernement fédéral en collaboration avec Fedasil.
Brenda, comment êtes-vous arrivée à Solentra ?
« J'ai participé aux formations de base de Solentra et les ai trouvées très intéressantes. Différents thèmes ont été abordés : le traumatisme, le deuil, les problèmes psychosociaux liés à la migration et à l'acculturation, le rôle d'un collaborateur du CPAS dans l’accompagnement psychosocial, la détection précoce des problèmes et l'orientation. »
« J'ai ensuite participé à cinq formations thématiques sur des thèmes qui ont émergé de la formation de base. Ces sessions ont eu lieu au CPAS de Bierbeek, car nous pouvions mettre nos locaux à disposition. »
« Par la suite, j'ai contacté le CPAS de Diest. Avec deux collègues du CPAS de Diest et un collègue du CPAS de Bierbeek, j'ai participé aux intervisions de Solentra. Ces interventions ont été menées par la directrice de Solentra, Geertrui Serneels. Trois sessions ont été organisées à l'automne dernier et trois au cours de ce printemps ».
En quoi consiste exactement une telle intervision ?
« Les intervisions reviennent souvent à des discussions de cas individuels. Nous pouvons y expliquer les dossiers sur lesquels nous bloquons pendant les accompagnements. Ils sont alors discutés en groupe. C’est surtout Geertrui qui alimente le débat. Elle s'immerge dans la situation et fournit des conseils sur la meilleure manière de procéder. »
« Lorsque vous accompagnez des personnes, vous devez évidemment tenir compte de leur situation dans le pays d'origine. Certains sont analphabètes, d'autres sont très instruits. Ces personnes poursuivent un but différent dans la vie. Lors d'une telle intervision, nous réfléchissons ensemble aux différentes possibilités d’aide. »
« Vous y recevez également des informations de base sur la manière de travailler en tenant compte des différences culturelles et sur le travail avec les réfugiés et les personnes d'autres origines. Lorsque vous travaillez avec ce groupe cible, vous avez besoin de ces connaissances, je pense. »
« Chez Solentra, ils connaissent les procédures légales auxquelles les nouveaux arrivants sont confrontés et leurs statuts. Ils connaissent également les problèmes psychologiques courants et savent ce que c’est d'arriver en Belgique en tant que personne issue de l'immigration. »
Comment décririez-vous la différence culturelle ?
« En Occident, nous avons une culture plutôt individualiste. Nous donnons souvent la priorité à notre propre personne et à notre propre développement. Les nouveaux arrivants ont généralement une culture plutôt collective. Le rôle qu'ils jouent au sein de leur famille est prioritaire à leurs yeux. Cette manière de voir les choses est très différente. Au cours d'une telle intervision, vous apprenez à remettre constamment en question vos propres valeurs et normes. »
« Les réfugiés ont déjà un passé dans leur pays d'origine, ils ne partent pas de zéro ici. Ils avaient une place dans la société, un réseau, ils possédaient leur propre façon d'aborder les choses ou de résoudre les problèmes, etc. Il est important d'en tenir compte lors de l’accompagnement et de s'informer sur la manière dont ils voient les choses. Cela peut alors se traduire par des opportunités qui s'intègrent dans notre société. »
« Les nouveaux arrivants, par exemple, ont souvent une vision différente du travail. Avec une personne d'origine belge, vous discutez de ses qualités et de ce qu'elle veut et peut faire en termes de travail. Dans certaines autres cultures, la prédestination est plus forte : votre famille a déjà décidé de ce que vous ferez, vous n'avez pas le choix. Il est donc souvent difficile pour les nouveaux arrivants d’évoquer leurs qualités et le travail qu'ils souhaitent exercer. En effet, ils se considèrent comme faisant partie d'une famille, d'une culture, plutôt que comme des individus. Mais en posant votre question différemment, vous obtiendrez généralement la réponse souhaitée. Si vous demandez les points forts d'une personne selon sa famille, cette personne pourra généralement répondre plus facilement à votre question. »
« J'ai également reçu de nombreux conseils pratiques lors des intervisions. Il est déjà arrivé qu'un réfugié ne se présente pas à un rendez-vous chez le médecin. Vous avez alors vite tendance à blâmer le réfugié, car ces situations sont évidentes pour nous. Mais il est important d'inviter la personne à préciser les motifs de son absence et d'ouvrir les cadres de signification. Dans le cas dont il est question ici, elle pensait être à la mauvaise adresse, car il n’y avait pas de secrétariat, comme à l'hôpital. Les notions de médecin et de salle d'attente doivent alors être clairement expliquées. J'en ai conclu que, la prochaine fois que j'enverrai quelqu'un chez le médecin, je communiquerai cette information dès le départ. »
Recommanderiez-vous une intervision à d'autres CPAS ?
« Certainement. Grâce aux intervisions, j'ai une meilleure compréhension des dossiers. Cela me motive à continuer à travailler sur des dossiers difficiles. Je peux aussi me reposer sur un plus grand réseau. Si je suis bloquée dans un dossier, je sais désormais à qui m’adresser. De plus, les intervisions sont gratuites. »
« J'ai le sentiment que le thème du travail sensible à la culture est davantage à l'ordre du jour qu'auparavant et que l'on en perçoit la nécessité. Cela me motive ! »
Consultez ici les offres de cours et formations de Solentra