Fatma Yildiz

    Fatma, que fait précisément le service Experts du vécu en matière de pauvreté et d’exclusion sociale ?

    Notre service Experts du vécu en matière de pauvreté et d’exclusion sociale contribue à améliorer l’accès aux droits sociaux fondamentaux garantis par des services partenaires. Il peut s’agir de services publics mais aussi d’organismes [vms1] en lien avec les soins de santé.

    C’est un défi très actuel : nous constatons que de nombreuses personnes ne font pas valoir leurs droits. Ce phénomène est connu sous le nom de non take-up ou non-recours aux droits. Notre ambition est de mettre notre expertise et notre perspective à profit pour rendre les services plus accessibles afin que les citoyens puissent mieux jouir de leur droits.

    L’Inami est un partenaire crucial pour notre service. Le budget alloué à cette collaboration a permis de détacher 17 experts du vécu dans différents établissements liés aux soins tels que des hôpitaux et des mutualités. Nous avons en outre de nombreux collègues détachés dans des services publics fédéraux : le SPF Finances, l’Onem, le Service des pensions, …

    Les experts du vécu assurent des tâches variées comme aider les gens avec leur dossier, les diriger vers le CPAS ou les mutualités, retravailler des courriers envoyés par les autorités. Il arrive en effet que ces courriers contiennent du jargon et des constructions de phrases complexes, ce qui les rend difficiles à comprendre pour toute une série de personnes.

    Et en quoi consiste votre fonction ?

    Je suis détachée aux fonds européens, dont le Fami (Fonds européen Asile, Migration et Intégration), le Fead (Fonds européen d’aide aux plus démunis) et Digilab (laboratoire pour l’inclusion numérique).

    Je travaille principalement pour le Fami, où je participe à l’intégration et à l’accompagnement des primo-arrivants. Au niveau du Fead, je collabore entre autres aux contrôles des distributions alimentaires. Chez Digilab, j’utilise mes connaissances et mon expérience pour réduire la fracture numérique. Je contribue également à des projets menés par le service Experts du vécu.

    Pourquoi la fonction d’expert du vécu est-elle importante selon vous ?

    Nous donnons une place à la perspective des personnes vivant dans la pauvreté ou dans des situations de vulnérabilité. C’est très important. Nous sommes des intermédiaires entre la politique et ces personnes-là. Grâce à notre environnement social, à nos contacts et à notre réseau, nous parvenons à identifier les problèmes auxquels les personnes vivant dans la pauvreté sont confrontées. Les décideurs politiques ont souvent un tout autre regard. Notre regard est donc une plus-value pour élaborer la politique. 

    En quoi votre expérience personnelle vous aide à accomplir votre métier ?

    Le fait d’avoir vécu dans la pauvreté ne fait pas forcément de vous un bon expert du vécu. Il faut aussi avoir transformé cette expérience en quelque chose qui puisse servir.  

    Ma propre expérience de la pauvreté me donne la force et la vision nécessaires pour aider les personnes qui rencontrent des problèmes similaires. J’en tire une grande satisfaction. Aider les autres me rend vraiment très heureuse.

    Pourquoi postuler au SPP Intégration sociale ?

    Le SPP m’offre de nombreuses possibilités de me former, de développer mes connaissances et d’agir positivement avec mon passé de pauvreté. Il faut bien sûr vouloir se développer, c’est bon pour soi-même et aussi pour les autres.

    Les personnes issues de l’immigration comme moi pensent souvent qu’un job dans l’administration est hors de portée. Moi-même, je ne trouvais pas réaliste de décrocher un diplôme de l’enseignement supérieur, par exemple. Et pourtant, ma chef de service de l’époque m’a convaincue que j’y arriverais. Elle croyait davantage en moi que je ne croyais en moi.

    En résumé, j’encourage tout le monde à postuler chez nous parce que le SPP offre la possibilité d’évoluer à la fois dans son métier et en tant que personne.