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Le 3 décembre est la Journée internationale des personnes handicapées. Malgré notre vaste système de protection sociale, nous ne parvenons pas encore à réduire le risque de pauvreté pour ce groupe vulnérable en Belgique.
Les personnes handicapées courent un plus grand risque de pauvreté que le reste de la population. C'est ce qui ressort d'un nouvel ouvrage du SPP Intégration sociale et du SPF Sécurité sociale. Ce livre a vu le jour à la demande de la cellule stratégique Lutte contre la pauvreté et Personnes handicapées.
Les deux services publics ont réuni différents experts, membres du monde académique et conseillers pour jeter un nouvel éclairage sur la relation entre pauvreté et handicap. Koen Hermans a présidé le comité de rédaction en tant que docteur en sciences sociales au centre de recherche LUCAS (KULEUVEN), responsable du développement du domaine de recherche Bien-être, pauvreté et exclusion sociale. L'ouvrage traite de différents thèmes tels que l'accès au marché du travail, l'exclusion sociale et le risque de pauvreté.
Unia et le Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale montrent que les personnes handicapées sont toujours victimes de discrimination et que cela a un impact sur leur risque de pauvreté. L’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale souligne combien il est difficile pour les personnes handicapées de se frayer un chemin dans le paysage administratif, ce qui explique le problème du non-recours. Le Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées a également apporté une contribution de leur point de vue et de leur expertise sur la relation entre handicap et pauvreté et a donné des orientations concrètes sur la manière dont la politique peut réagir.
Quelques conclusions importantes
Revenu et risque de pauvreté pour les personnes handicapées
Au niveau individuel, le revenu des personnes handicapées est en moyenne 28% plus bas. Les personnes qui dépendent entièrement de l'allocation de remplacement de revenu constituent l'exception la plus importante au sens négatif du terme. Leur revenu est deux fois moins élevé.
L'enquête annuelle EU SILC ne comprend que des questions sur l'invalidité de longue durée qui sont déclarées par la personne elle-même dans l'enquête. Le dernier rapport de suivi mentionne déjà les personnes handicapées comme un groupe présentant un risque accru de pauvreté ou d'exclusion sociale. En 2018, 23,1% des personnes dont le handicap « a un impact léger ou grave sur les activités quotidiennes » étaient menacées d’une situation de pauvreté ou d'exclusion sociale. Ce chiffre est considérablement plus élevé que le risque global de pauvreté de 16,4 %. Ce pourcentage est également supérieur à la moyenne de l'UE (20,9%).
La Belgique n'a pas été en mesure de réduire l'écart entre les personnes handicapées et non handicapées au cours des dix dernières années. La Belgique est également nettement moins performante que les Pays-Bas, la France et le Danemark en ce qui concerne le taux de pauvreté des personnes handicapées.
Simultanément, les risques de pauvreté pour les personnes handicapées sous-estiment leur pauvreté réelle. Les dépenses supplémentaires qu'une personne doit faire pour que les conséquences de son handicap soient supportables dans la vie quotidienne n'ont pas été prises en compte. Leur niveau de vie atteint est inférieur à celui des personnes non handicapées. Il est donc nécessaire de disposer d'indicateurs de pauvreté spécifiques pour les personnes handicapées qui prennent en compte ces coûts supplémentaires.
Participation des personnes handicapées au marché du travail en Belgique
Les données administratives montrent que 7 % de la population d’âge actif en Belgique est reconnue comme étant en incapacité de travail à long terme. 15 % d'entre eux travaillent. 35% d'entre eux dépendent entièrement d’une allocation d'invalidité.
La grande majorité de ces travailleurs (principalement des travailleurs âgés) doivent avoir recours à l'allocation de remplacement de revenus, qui est soumise à des conditions de ressources (comme seule allocation, comme complément à l’allocation d'invalidité ou avec comme complément l’allocation d'intégration).
Au cours des dernières années, un nombre croissant de personnes ont eu recours aux indemnités de maladie et d'invalidité ainsi qu’au régime des allocations. Il est frappant de constater que ce n'est pas le cas pour les personnes issues de l'immigration. Cette différence soulève de nombreuses questions quant à l'accessibilité de la procédure.
Les analyses montrent clairement qu'un handicap pèse sur l'activité professionnelle des membres du ménage et qu'il y a une accumulation de handicaps dans le contexte familial.
Plus d'informations
Plus d'informations et téléchargement du livre sur le site du SPF Sécurité sociale : https://socialsecurity.belgium.be/fr/elaboration-de-la-politique-social…
La Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées est le point de départ et la pierre de touche. La Belgique a ratifié la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées en 2009. Elle se base sur une approche interactive du handicap. Elle s'intéresse non seulement aux handicaps de l'individu, mais aussi à la façon dont l'environnement permet ou entrave l'autonomie et la participation à la société. La ratification signifie que la société et les autorités ont la responsabilité de réaliser les droits humains des personnes handicapées et de viser l’inclusion.