Les bénéficiaires du revenu d'intégration restent environ 11 mois au CPAS. Cette durée a été influencée ces 20 dernières années par un afflux de nouvelles personnes nécessiteuses, ainsi que par des groupes qui présentent historiquement une durée de parcours plus longue que la tendance générale : les jeunes de moins de 25 ans et les non-ressortissants de l'UE, en particulier les réfugiés reconnus. C'est ce qu'il ressort d'une étude réalisée par le service d'étude du Service public fédéral Intégration sociale et Lutte contre la Pauvreté.

    Le service d'étude a souhaité formuler une réponse à la question suivante : « Combien de temps un bénéficiaire du revenu d'intégration reste-t-il au CPAS ? ». L'objectif de cette démarche était de dresser une évaluation au niveau belge et d'informer les principales tendances ayant influencé l'évolution de la durée au cours des 20 dernières années.

    Les chercheurs ont conclu qu'à partir des années 2000 et jusqu'en 2014, la durée de parcours moyenne des bénéficiaires du revenu d'intégration était stable et se situait entre 7 et 8 mois. Elle a ensuite soudainement augmenté en 2015, pour à nouveau se stabiliser en 2016 avec une durée de 11 mois.

    Le pic enregistré durant cette période d'augmentation coïncide avec la réforme du chômage de 2015. Cette modification avait entraîné le transfert d'une partie des chômeurs au terme de leurs allocations d'insertion. Ce groupe présente une durée supérieure, car il s'agit souvent de personnes qui étaient particulièrement éloignées du marché du travail et dont l'intégration était plus difficile.

    L'âge : un facteur déterminant

    Un bénéficiaire du revenu d'intégration sur trois a moins de 25 ans. C'est la raison pour laquelle ils représentent un groupe considérable et important au sein de la population bénéficiaire du revenu d'intégration. La durée associée à ce groupe d'âge affiche généralement une tendance ascendante. Avec une durée de 17 mois, ces jeunes présentent la plus longue durée de tous les groupes d'âge. Cette durée supérieure peut s'expliquer par le fait que les étudiants présentent une durée de parcours nettement plus longue (21-24 mois) suite à la durée de leurs études. On n'a toutefois pas particulièrement retrouvé ces étudiants dans la période d'augmentation générale (2014-2016). Cette observation est en contraste avec les jeunes non-étudiants, dont la durée est passée de 8-9 mois à 15 mois.

    Le nombre de réfugiés bénéficiant d'un revenu d'intégration est limité, mais ils restent plus longtemps dans le système

    Les ressortissants de pays en dehors de l'Union européenne présentent généralement les parcours les plus longs, avec une durée toujours supérieure au double de la tendance générale. Étant donné qu'ils ne représentent que 15,3% des parcours, ce ne sont pas les réfugiés, mais surtout nos compatriotes qui influent sur la tendance générale.

    Malgré la part relativement limitée de ressortissants non-UE, il s'agit d'un groupe dont la durée a le plus augmenté. Depuis 2003, la durée les concernant est passée de 18 mois à pratiquement 30 mois en 2016.

    Si nous examinons la situation de ce groupe de plus près, nous constatons que les réfugiés reconnus (35,5% des parcours des bénéficiaires non-UE) présentent une durée qui reste 2 à 5 mois plus longue que celle du groupe des ressortissants non-UE en général.

    Les familles monoparentales restent dans le système du revenu d'intégration plus longtemps que les familles duoparentales

    Si l'on effectue une comparaison avec les différences d'âge ou de nationalité, la durée du parcours varie peu en fonction de la catégorie familiale. Les bénéficiaires avec famille à charge sont ceux dont la durée augmente le plus et le plus rapidement. Les familles monoparentales sont par exemple passées d'une durée de plus de 7 mois à plus de 11 mois. Ces familles monoparentales présentent une durée de parcours beaucoup plus longue que les familles duoparentales et rejoignent depuis quelques années la tendance générale.

    Durée de parcours associée au pourcentage de bénéficiaires du revenu d'intégration dans la population de la commune

    Selon les résultats de l'étude du service d'étude, dans les communes dont une plus grande partie de la population bénéficie du revenu d'intégration, les bénéficiaires du revenu d'intégration ont également tendance à présenter de plus longs parcours. Nous émettons dans ce cadre l'hypothèse d'un effet de saturation : un CPAS dans une commune présentant un pourcentage de revenu d'intégration plus élevé est plus « saturé » (en termes de moyens par rapport au nombre de bénéficiaires), ce qui débouche sur un accompagnement plus fragmenté, compliqué et des parcours plus longs.

    Nous supposons donc également l'existence d'un effet de saturation au niveau national, causé par l'arrivée soudaine, notamment, de personnes qui ont été exclues du chômage. Cela a généré un bond du nombre de bénéficiaires du revenu d'intégration, ainsi que l'augmentation de la durée de parcours y afférente.

    L'augmentation soudaine du nombre de bénéficiaires à accompagner a entraîné une saturation qui a prolongé la durée du suivi, principalement pour les personnes dont le suivi est plus complexe, comme les jeunes, les chômeurs de longue durée et les réfugiés.

    Consultez le Focus concernant les trajectoires